page suivante »
AU XVIIIe SIÈCLE 427 trouble parmi les comédiens, et Talma voulut en connaî- tre la cause : — « Ce n'est pas d'un canari que vous avez l'air, — lui dit-il, quand il eût appris l'hésitation de sa camarade; — vous ressemblez à une topaze... Et n'êtes- vous pas déjà le diamant de la Comédie-Française ? » Vaincue par ce madrigal en prose, qui sentait son Dorât, Mlle Mars, qui appréciait le goût de Talma, consentit enfin à jouer. Peu à peu, le reste d'inquiétude qu'elle éprouvait encore se dissipa devant le murmure flatteur des loges et du parterre. Le lendemain, le tout Paris d'alors s'entretenait de la robe jaune, et, huit jours plus tard, il n'était pas un salon qui n'en offrît une semblable. On ne dit pas si le fa- bricant lyonnais fit fortune ; il faut avouer qu'il n'avait pas été trop mal avisé. Mais, c'est déjà sortir des bornes que nous nous étions fixées. Qu'il nous suffise, à cette heure, d'avoir assemblé quelques matériaux épars et apporté cette modeste contri- tribution à l'histoire d'un grand siècle et d'une grande ville. Il y a de longues années que les érudits et les publicistes fouillent, avec un zèle infatigable, les moindres recoins de nos archives nationales. Toutefois il reste beaucoup à faire pour l'histoire intime et morale, littéraire et artistique de nos villes de province. Aussi bien, n'est-ce pas trop des efforts de tous pour atteindre le but souhaité, et ne faut-il pas dédaigner les plus humbles travaux. EMMANUEL VINGTRINIER.