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AU XVUT SIÈCLE 4I7 Si l'Administration se montrait tutélaire pour les gens de théâtre, elle leur faisait parfois sentir toute sa rigueur. En 1765, la moitié des pensionnaires de la Comédie-Française fut enfermée au For-1'Evêquepour avoir refusé obstinément de jouer (1). L'acteur qui résistait à un ordre de début subissait le même sort ; celui qui rompait un engagement ou excitait les autres à le faire, allait coucher en prison et n'était remis en liberté « qu'à la condition de vider la ville dans les vingt-quatre heures (2). » Le moindre trouble au théâtre, la moindre cabale pouvait attirer au coupable une lettre de cachet; enfin, on connaît la mesure d'expulsion dont le directeur Hus fut l'objet (3). Depuis la chute de l'ancienne monarchie, ces hauts et ces bas, ces violents contrastes entre l'adulation et le mé- pris, entre la protection et la rigueur, ont disparu de nos lois. La tutelle administrative n'intervient plus : les plain- tes et les différends des comédiens sont portés devant les tribunaux. Toutefois, le talent ou la vogue feront -toujours aux artistes dramatiques une situation hors cadre, qui leur ouvrira les salons célèbres de la Restauration, tandis que l'indifférence et la médiocrité les feront descendre au der- nier degré de l'échelle sociale. Cette étude devrait s'arrêter ici. Le xvîne siècle, si insa- tiable de plaisirs et de nouveautés, est bien mort quand la Révolution commence. Sans doute, les spectacles ne fer- Ci) Mlm. secr. de Bachaumom, avril 1765. (2) Archiv. mss. Lettre à M. de La Verpillère, 27 avril 1764, con- cernant l'acteur Brisson. (3) V, plus haut, ch. IV, livrais, de février 1879. 2 7