page suivante »
POLEYMIEUX 357 de Poleymieux s'ouvre devant nous et de chaque côté le Mont-d'Or superpose ses sommets et entrecroise ses croupes d'une façon telle que l'on ne croirait pas avoir en face de soi un simple massif isolé, mais bien les premiers plans d'une grande chaîne. Cette illusion n'a rien d'extra- ordinaire pour qui connaît le Mont-d'Or et sait que, malgré son altitude peu considérable, avec ses cimes dé- nudées, ses hautes vallées, sa grande solitude, et son admirable panorama, il a l'air, si je puis m'exprimer ainsi, plus montagne que bien des sommités infiniment plus élevées. Curis, avec ses petites maisons proprettes, sa route blanche et ses échappées tantôt sur la montagne, tantôt sur le vallon où coule le ruis du Thou, est charmant à traverser, et quand on arrive en face de la modeste église du village, on est heureux de la trouver, chose rare, en parfaite harmonie avec le paysage qui l'entoure. Aussi nous plaisons-nous à féliciter l'architecte de n'avoir pas sacrifié à la mode et de n'avoir pas surmonté le petit monument de ce clocher que l'on rencontre partout aujourd'hui dans nos environs; clocher fort joli, il est vrai, quand il apparaît sur une falaise normande, au fond d'une vallée picarde ou sur le flanc d'un coteau de l'Ile-de-France, mais qui nous fait toujours un singulier effet quand il se dresse au-dessus des toits plats et en tuiles creuses de constructions, où domine encore le style italien, et au milieu d'une contrée qui rappelle, par moment, les environs de Florence ou de Rome. Malheureusement, en ce temps-ci, c'est Paris et ses environs qui, en général, donnent la note pour ce qui se bâtit tant à la ville qu'à la campagne, et cette pensée d'imi- tation préoccupe à ce point la masse du public, que l'art lyonnais s'en ressent à son insu, et tend à perdre cette originalité qui faisait de lui, en architecture surtout, un art