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LE 344 THEATRE A LYON Membre du Comité de salut public à la chute des Giron- dins, Collot-d'Herbois fut envoyé avec Fouché, le 10 no- vembre 93, après la prise de Lyon, pour punir cette ville de son insurrection. Eh bien ! les actes de férocité inouïe commis par ces pro- consuls, une grande ville saccagée, plus de 1600 personnes massacrées par la mitraille, l'histoire peut-elle sérieuse- ment les attribuer à la vengeance d'un acteur sifflé ? La ré- ponse à cette assertion, aussi absurde qu'inexacte, se trouve dans les Mémoires de l'abbé Guillon de Montléon (1), qui n'est point suspect de partialité : « Les personnes, — dit cet écrivain, — qui, dans l'igno- rance du conflit des factions, n'ont pour expliquer des actes inouïs de fureur que les conjectures qu'elles peuvent tirer des petites passions particulières, croient très-simplement que la rage de Collot-d'Herbois contre Lyon venait de ce qu'il avait été sifflé sur le théâtre de cette ville, deux ou trois ans avant la Révolution... Quoique j'habitasse- Lyon au temps où l'on prétend que Colloty fut sifflé, et quoique les événements de ce genre fussent racontés dans toutes les sociétés, et parvinssent toujours à la connaissance même des personnes qui n'allaient point au théâtre, je n'ai jamais ouï dire que Collot eût reçu une pareille mortification dans notre ville, où son espèce de talent plaisait beaucoup. Eût-il été sifflé une fois par hasard, il aurait facilement oublié ce déboire momentané parmi les faveurs dont l'honora plus d'une fois l'intendant au roi à Lyon, ce même de Flesselles qui, devenu peu de temps (1) L'abbé Aimé Guillon de Montléon (17 5 8-1842), né à Lyon, théo- logien et controversiste, dut son heure de célébrité à une brochure in- titulée le Grand crime de Pépin-îe-Bref (1800). Il y révélait, sous le voile d'un pseudonyme, le projet conçu par Bonaparte de se faire nommer empereur et sacrer par Pie Vil.