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338 LE THÉÂTRE A LYON Lié avec le directeur et la plupart des artistes, Grimod adressait une Epiire à Madame XOcquerre (1) et des Stances irrégulières à Madame Dugazon, qu'un « heureux hasard avait placée dans un appartement voisin de celui qu'il oc- cupait à l'Hôtel de Milan, et qu'il avait entendu se plaindre de la multitude des hommages » qu'elle recevait (2). C'est (i) Epiire à Madame d'Ocquerre, première actrice du théâtre de Lyon, par Grimod de la Reynière, 1788, feuille volante sans indication de lieu et d'impression (mentionnée par M. G. Desnoiresterres, op. cit.) (2) Voici les Stances à la Dugazon : Charmante Dugazon, vous n'aimez point les vers, Un éloge flatteur n'a plus rien qui vous touche ; Et ce terrible arrêt, sorti de votre bouche, Va la fermer à mille amans divers. J'approuve ce dégoût et surtout en province; L'ennui vous fait gémir sous le poids des lauriers, Et pour vous tous les jours l'embarras n'est pas mince De répondre à la voix de tant de chevaliers. Hardis profanateurs du vrai culte des belles, De leur stérile encens vous craignez la vapeur; Ils ignorent, hélas ! dans leur sublime ardeur, Que pour peindre Alexandre il fallait être Apelles. Je n'imiterai point cette témérité. A quoi bon vous conter que vous êtes jolie î Bonne? sensible? douce? admirable? accomplie? Cet éloge, en leurs vers si souvent répété, Est-il plus amusant pour être mérité ? Non, non, tous ces discours n'ont rien qui persuade Un talent trop réel pour se croire parfait ; Et ces adulateurs, par leur jargon maussade, Vous rendront fâcheuse et malade, Et vous feront d'ici déserter tout à fait. Pour moi qui n'ai jamais soupiré pour vos charmes, Dont /'insensible cœur ne sait rien adorer, A mes faibles accents livrez-vous sans alarmes ; Je ne puis que vous plaindre et non vous admirer.