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                           CHRONIQUE LOCALE                            319
 idylles si pleins de sentiment, ces élégies, ces poèmes, si supérieurs
 comme force et composition à ces fourmilières de sonnets qui sont au-
jourd'hui le fond malheureux de la littérature française et surtout ce
poème du Porte enseigne Stôk, et celui du Roi Fialar qui nous peignent
avec tant de vérité les mœurs de la vieille et héroïque Scandinavie. Ces
chants élevés, même dans la traduction si fidèle de M. Valmore, se
font lire avec une émotion que ne feront jamais naître les plumes réa-
listes et grossières de notre temps.

    — Le 20 mars, le clergé lyonnais a perdu M. l'abbé Fond, curé de
 Saint-Bruno-des-Chartreux, décédé à peine âgé de 65 ans.
    C'est une perte douloureuse pour l'Eglise de Lyon, dont M. l'abbé
 Fond était un représentant d'élite, un membre zélé, charitable, exem-
plaire et aimé. Né à Saint-Chamond, en 1814, professeur à Verrières
et à Alix, premier aumônier du nouvel hôpital de la Croix-Rousse, il
fut appelé à la cure de Saint-Bruno à la mort de M. Goirand, et se
trouva dès lors à la tête d'une paroisse pauvre, avec une église élégante
et belle, mais vide et inachevée. Son habile administration triompha de
tout ; sans ressources, avec des moyens bornés, il fit face à la misère
que, son admirable charité sut toujours généreusement combattre; il
orna son église et lui donna cette magnifique façade, qui en la complé-
tant la rend une des plus remarquables et des plus belles de la ville,
l'orna, la répara et quand tout fut achevé, s'arrêta comme l'ouvrier qui
à la fin de la journée, suspend son travail pour recevoir son salaire. Sa
modestie cachait ses vertus ; l'Å“uvre d'art qu'il a eu le courage d'ac-
complir fera vivre son nom dans l'histoire de notre ville.

   — La Revue ne fait pas de réclames, elle n'a jamais « mêlé Ezéchiel
avec l'arithmétique, » et cependant qu'il lui soit permis de signaler, une
fois entre toutes, les étonnantes expositions que la plupart de nos maga-
sins de nouveautés ont faites à l'entrée de la saison. Il ne s'agit pas ici
d'intérêts particuliers, c'est au nom du commerce en général, de l'in-
dustrie de notre ville, de l'art des étoffes que nous parlons. A ce point
de vue, la plus importante maison de notre ville a donné un spectacle
inaccoutumé en offrant, à la fin de mars, une exposition d'étoffes d'a-
meublements qui rappelait le génie de diverses époques et de diverses
nations : Les Gobelins, Aubusson, les fabriques de Perse, d'Angleterre,
d'Espagne, du Mexique, les styles Louis XV, Vatteau, Grec, Arabe,
Egyptien et, remarquables entre tous, les chefs-d'Å“uvre de Paris et de
Lyon, toujours sans rivaux.