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232 L'INTERMÉDIAIRE LYONNAIS
de la fontaine placée sur la place, fut creusé sous l'échafaud,
et bientôt, malgré le sable que l'on y jetait chaque jour, le
sang coula dans toutes les directions.
« Dorfeuille, dit Lamartine, dans ses Girondins, fit placer
la guillotine sur un égout découvert. Le sang, ruisselant Ã
travers les planches, pleuvait dans une fosse de dix pieds
de profondeur, qui l'emportait au Rhône avec les immon-
dices du quartier. Les blanchisseuses du fleuve furent for-
cées de changer la station de leurs lavoirs pour ne pas laver
leur linge et leurs bras dans une eau ensanglantée. »
Cet écrivain commet ici une erreur de plus que nous
tenons à signaler. Nos recherches à ce sujet ne nous ont
rien fait découvrir qui puisse justifier son assertion.
Mais voici ce que nous voyons dans un rapport officiel
présenté à l'autorité par les délégués aux inhumations.
« Le sang, répandu sur le sol et sur toutes les planches
de l'instrument des vengeances nationales, exhale des
miasmes que quelques degrés de chaleur de plus pourraient
rendre contagieux. On a lavé les parois intérieures et exté-
rieures avec du lait de chaux ; on a fait pomper le sang en
stagnation par du gravois frais, qui a été enlevé de suite et
remplacé. On a réglé que les mêmes opérations seraient
faites toutes les fois que le glaive avait frappé quelque cou-
pable. L'exécution de ces mesures est aux frais de la muni-
cipalité de Commune-Affranchie. »
Le greffier du tribunal révolutionnaire, et les deux offi-
ciers municipaux chargés d'assister aux exécutions et d'en
rédiger le procès-verbal, se tenaient sur le balcon de l'Hô-
tel-de-Ville quand l'échafaud était dressé au-devant du per-
ron ; et lorsque l'instrument du supplice fut transporté Ã
l'autre extrémité de la place, ces trois officiers s'établi-
rent au premier étage du café Brun ou du café Dumont.
Or, ces deux cafés se trouvaient dans les maisons rem-