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ou L'ÉCOLE DES PAYSANS 201 « La guerre aura lieu bientôt, dit-on, mais nous ne sa- « vons pas pourquoi, ni contre qui. j ' e n serai presque « content, pour avoir une occupation vigoureuse, car ce « désœuvrement me tue. « Et cependant j'ai tort de parler ainsi, car je serais ex- ce posé à perdre une vie précieuse pour celle qui m'attend. « Oh! protégez-la, cette douce fille; vous qui avez déjà « été la cause de sa merveilleuse guérison, surveillez sa « santé avec votre bon coup d'oeil habituel. « À vous, ô mon maître, je confie, plein d'espoir, ce « que j'ai de plus cher au monde. « A vous j'adresse mes profondesamitiés et mes tendres « respects. « PIERRE. » Je portai à Jeannette la lettre qui lui était destinée ; elle me permit de la lire ; voici ce qu'elle contenait : « Ma bien-aimée fiancée, « Je t'écris du fond d'une chambre empestée de tabac et « dont l'odeur va probablement infecter ce papier; mais « tranquillise-toi; je ne prends pas une habitude qui te « déplairait; c'est celle de mes compagnons d'habitation, « car nous sommes logés plusieurs dans la même pièce. « Ne crains rien pour mes sentiments au milieu des « dangers que tu supposes qu'ils peuvent courir. Je serai « ferme comme un roc contre le mal; je penserai à toi, « cela suffira pour me maintenir dans la droite voie que « j'ai juré de suivre, malgré tous les mauvais exemples qui « pourraient m'être offerts. « Prenons, patience, ô mon amie; l'attente sera dure, « mais notre fidélité sera inviolable. Moins malheureuse que « moi, tu passeras dans l'utile et reconfortant travail des « champs ces longues années d'épreuve, tu seras au milieu