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ou L'ÉCOLE DES PAYSANS 129 inhospitalière trop commune chez les gamins de nos vil- lages de France. Je surveillais attentivement quelle impression faisait tout cela sur Jeannette, qui, jusqu'ici, en présence du directeur, comme à notre entrée dans la maison Vandermaelen, avait conservé un silence sombre. Je saisis dans son regard un air de satisfaction quand la jeune fille lui prit la main, et un petit cri de joie s'échappa de ses lèvres lorsqu'elle vit un instrument de culture dans le jardin, où nous fîmes une courte promenade ; elle serra convulsivement le manche de l'instrument, qui était une bêche ; il y avait là une rémi- niscence des occupations champêtres qui avaient rempli sa jeunesse. Ces signes étaient d'un bon augure et me don- nèrent de l'espoir. Du reste, l'infortunée continuait à ne reconnaître ni son père, ni son fiancé,, ni moi; elle nous prenait toujours pour je ne sais quels étrangers, qu'elle nommait au hasard. La jeune Flamande, vers laquelle elle paraissait attirée par un certain entraînement, la conduisit de nouveau, et sans nous, dans la chambre qui lui était destinée ; elle lui montra son lit, préparé ? vec une propreté et un soin ravis- sants ; une gentille commode de noyer, où elle serra avec ordre les vêtements et tout le linge de la pensionnaire. Nous faisions pendant ce temps nos recommandations aux hôtes qui allaient devenir les tuteurs de Jeannette, et nous prenions nos arrangements avec un petit hôtel du voisinage pour un séjour d'une semaine, pendant laquelle nous assisterions à l'installation complète de la malade. Cette installation se fit au gré de nos désirs. Jeannette s'attachait à la charmante Gertrude, et exécutait tout ce que celle-ci voulait ; elle ne repoussait pas M. et Mme Vander- maelen, et le petit Gérard faisait éclore sur ses lèvres, de temps en temps, un sourire d'affection. 9