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120                        UN INCUNABLE
   S'il m'était permis de donner mon opinion sur cette
question, je serais tenté de croire, comme Dom Liron,
que Jean Mercure n'est apparu à Lyon que sous le règne
de Louis XII; comment peut-on admettre, en effet, qu'un
imposteur, un charlatan, ou un sophiste ou un illuminé,
ou bien encore un fou sérieux, comme l'appelle M. le doc-
teur Desbarreaux-Bernard, eût pu pendant le long temps
de vingt-trois années, en imposer à toute une population,
soutenir son prestige et sa popularité, sans conteste, sans
protestation de la part des médecins, des savants, et de
l'Eglise surtout qui n'eût pas manqué de fulminer contre
lui, puisqu'il s'attribuait un pouvoir et une science surna-
turels. Il aura paru, tout-à-coup, comme nous avons vu,
tout-à-coup, apparaître dans nos rues, il y a 47 ans, d'autres
 singuliers personnages, hommes de convictions sincères,
 mais de rêves creux, portant sur la poitrine, en gros carac-
tères, le nom à'apôtres d'une doctrine nouvelle qui devait,
 d'après eux, régénérer le vieux monde. Ces derniers ont pu
 aussi en imposer, pendant quelque temps, à la foule éton-
 née et toujours facile à fasciner, —mais le bon sens reprit
 bientôt le dessus — et on les vit alors s'embarquer pour
 l'Orient, pour y chercher la femme libre On objectera,


en Bohême, une secte d'individus connus sous le nom de Fossarii et qui
trompaient aussi les populations en se donnant comme de nouveaux
apôtres. Baronius, dans ses Annales ecclésiastiques, p. 249, dit entre autres
de ces sectaires : « Vulgo nominabantur Fossarii propterea quod in
fossis et occultis spelluncis nocte convenirent, turpiter se invicem nidlo
discrimine more brutorwn immiscentes, qui et eccïesia Dei et ministros ejus
contemnahunt, sacramenta irriiebant, infinitosque alios errores profitehantur. »
   En 1511, le populaire était si crédule à Lyon, qu'il fut convaincu que
la ville devait périr dans peu de jours. « Un P. Cordelier Claude Mulet
prêcha avec tant de zèle, de larmes et de sanglots, que toute l'assis-
tance se prosterna trois fois en terre, criant à haute voix et la larme à
l'œil: Sire Dieu, miséricorde. (Rubis 355.)