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                          UN INCUNABLE                          107
sieurs heures, les livres résistèrent, et pas un seul ne périt, tant
les procédés de dessication furent bien dirigés. Un ferblan-
tier du voisinage imagina enfin une gouttière qui sauva le
 précieux cabinet. On avait bien attendu ! »
    Mais M. Monfalcon a oublié d'ajouter que beaucoup de
ces monuments ont été maculés par les infiltrations des
eaux, et que le cabinet où on les conserve, même encore
aujourd'hui, est sans air, obscur et humide pendant six longs
mois. Ce cabinet renferme 402 incunables, et M. le prési-
dent Baudrier, qui n'ignore aucune des richesses de notre
grande bibliothèque publique, estime qu'elle en possède
au moins six cents ; mais connait-on bien tous ces monu-
ments? M. Delandine ne s'en est pas occupé pendant sa
longue gestion de la bibliothèque, ou du moins il ne leur a
pas consacré un travail spécial, comme il l'a fait pour nos
manuscrits. M. Péricaud, au contraire, s'est livré sur les
incunables lyonnais à une étude profonde, mais comme le
remarque M. Baudrier, « dans les recherches de notre
savant bibliothécaire, les lacunes (1) abondent au-delà de
toute prévision. Ce n'est pas assurément sa faute, car nul
n'a poussé plus loin que lui la passion des livres, l'ardeur
et la ténacité des investigations. C'était celle de son temps.
S'il assistait aux débuts de cette fièvre qui a saisi tous les
oisifs de notre époque pour les lancer à la recherche des
vieux débris des siècles derniers, il n'a pas assez vécu pour
récolter sa part de leur moisson. Il n'a pas pu connaître les
richesses exhumées de la poussière par l'élévation insensée


   (1) Ainsi M. Péricaud n'a pas connu le n" 35 du catalogue de
M. Desbarreaux-Bernard, et qui a pour titre : « Marcus Tullius Cicero
de officiis, amicitia, de senectute et paradoxis, cum commente; im-
primé par Jean de Prat, ni le n° 37, Vocabularius utriusque juris, ni
le n° 56, Glanvjlla anglicus, Prohemium de propictalibus rerum... »