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AU XVIIIe SIÈCLE 23 me par le Devin de Village, où M de Fleurieux jouait Colette; Le Texier, Colin, et Horace Coignet, le Devin. « Les deux pièces furent bien rendues, dit ce dernier, et Pygmalion, qu'on entendait pour la première fois, fit le plus grand effet. Après la représentation, Rousseau vint m'embrasser dans le grand salon, où. la société s'était rendue, en me disant : Mon ami, votre musique m'a arraché des pleurs. » Pendant les trois mois que Rousseau passa à Lyon, il assista avec son collaborateur aux concerts que donnait M. Cornabé, dont la famille cultivait les arts. Il était invité à des repas homériques chez M. de la Verpillière ; la co- médie suivait le dîner. On. jouait la Comtesse de Fayel, tra- gédie de société, sur le même sujet que Gabrielle de Vergy, ou bien Méîanie, dont le rôle principal était si bien rempli par Mme de Fleurieux, que Rousseau, avec cette sensibilité maladive qui donnait le ton à son siècle, répondit un soir à ceux qui lui demandaient s'il était content : « Voyez mon habit tout couvert de larmes ! » Le philosophe de Genève fut reçu à la campagne chez M Delessert et chez Mmc veuve Boy de la Tour, d'une me bonne famille suisse, chez laquelle il passa quelques jours dans le site pittoresque de Rochecardon. Il herborisait, admirait la nature, écrivait son nom sur les rochers ; Coignet chantait la romance du Devin de Village en s'ac- compagnant sur le violon, et Rousseau se trouvait aux plus beaux jours de sa vie. Il aurait sans doute prolongé son lui étaient confiés. Obligé de quitter Lyon, il se réfugia pendant quel- que temps auprès de Voltaire à Ferney ; il alla ensuite en Hollande et en Angleterre, où il fit des lectures publiques de comédies, genre dans lequel il excellait. Rentré en France en 1814, il y mourut dans un âge avancé. V. Biog. univers., note de Bruchot, Corresp. de Voltaire, n°6jgi, Bachaum, Mèm.secr., VII, 163, et Paris, Versailles, etc., I, 126.