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                     ENCORE L'ESTËREL                  4S5

 le long de la mer. Faites la route et suivez le sentier de
 la douane. On passe devant de riches et de modestes
 villas. Du nombre est une des plus somptueuses appar-
 tenant à un homme très-riche, dit-on, mais dont je n'ai
jamais voulu connaître le nom, car je n'aurais pu que le
 maudire. Ce malheureux Crésus, dénué de toute espèce
 de goût, n'a-t-ilpas fait clore son parc, qui n'est qu'une
 pittoresque friche de bruyères, decystesetdepins sauva-
 ges, par un affreux mur, auquel il a fait suivre conscien-
 cieusement toutes les sinuosités du rivage ! et sans les
 exigences de la douane, à laquelle il a dû laisser un pas-
sage entre lui et la mer, le misérable eût tenté à'en-
murer une portion de la Méditerranée pour l'avoir dans
son parc à lui !
   Espérons qu'un coup de grosse mer ou un heureux
tremblement de terre viendront, un jour, renverser ces
ignobles clôtures et en feront des ruines qui, envahies par
les plantes grimpantes, finiront par ajouter au pittores-
que de ces ravissants rivages ; mais quand ?
   Plus loin, une modeste villa a reçu le dernier soupir
d'un peintre aimé du public, Hamon, dont les peintures
de convention pompéienne, il est vrai, sont si gracieuses
et si élégantes. Beaucoup l'ont imité, aucun ne l'a at-
teint.
   Surles deux montants en pierre du portail d'une villa
voisine, un jour Hamon prit la fantaisie d'esquisser deux
femmes représentant les nymphes des Bruyères, nom
que porte la propriété. Ces deux gracieuses figures, exé-
cutées avec un pinceau de maçon et simplement à la
chaux, portent le cachet du maître d'une manière aussi
saisissante qu'élégante.
   Si, quittant le sentier des douaniers, vous' abandonnez
les bords de la mer et que vous pénétriez dans ces val-