Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                         LE THÉÂTRE A LYON                        431
 deux heures du matin, si M. le commandant n'avait eu l'ex-
 trême obligeance de m'envoyer à manger.... (1) »
    Larive, qui était beau de visage, devait offrir un sin-
  gulier contraste avecJLekain, lorsqu'ils paraissaient tous
  deux sur la scène ; mais il avait moins d'intelligence et de
  sensibilité que son rival.
    Parmi les anecdotes qu'il raconte dans ses Réflexions
 sur l'art dramatique, la suivante se rapporte à son sé-
 jour à Lyon. Uu jour que Lekain jouait Vendôme, Larive,
 sans avoir prévenu personne, parut sous l'habit de Ne-
 mours. Son apparition inattendue provoqua des applau-
 dissements assez vifs pour rendre sensible l'impression
 qu'ils produisirent sur Lekain. Les premiers mots que
 prononça Nemours sont : « Où me conduisez-vous ?» —
 « Devant votre vainqueur ? » lui répond Vendôme. Cette
 réponse, d'une application si facile, passant par la bou-
 che de Lekain, fut la foudre tombant dans la salle, tant
elle produisit d'effet. Mais ce que n'ajoute pas Larive,
pour compléter sa narration, c'est qu'il se trouva décon-
 certé au point que toute l'exécution ds son rôle s'en res-
 sentit (2).
    Malgré cet incident, Larive suivit Lekain à Paris, re-
çut ses leçons et celles de Mlle Clairon, alors retirée, et
débuta le 3 septembre 1770 àla Comédie-Française. « Le-
•kain, dit Bachaumont après ce début, forme un acteur
dans le tragique, dont il donne les plus grandes espéran-
ces, quant au talent. Il a cinq pieds six pouces, de grands


   (1) Lettre du 26 juin 1772, dans les Mémoires de lekain, Paris, 1801
— On jouait alors les Seythes de Voltaire, dont la huitième édition
s'imprimait à Lyon, et qu'on répétait à la fois à Paris, à Lausanne
et à Genève. (Coiresp. de Volt. Ferney, 11 mars et 17 juillet 1767).
   (2) V. De Manne, ouvrage cité. — Larive est encore l'auteur d'un
Cours de déclamation et de Pyrame et Thisbé, scène lyrique. Paris t
1784.