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394 UNE FEMME MURÉE elle respir % elle questionne les femmes d'Emma, elles ne peuvent entrer dans sa chambre pour leur service, elle est fermée, et leur maîtresse ne les a point appelées pour quitter sa toilette de bal. Gabrielle va frapper à la porte de la chambre des deux, époux, un varlet lui apprend que son père est malade, et seul dans la chambre de la tour, enfermé avec le Sénéchal. Le premier soin de Gabrielle fut de changer de vête- ments ; cette toilette de bal lui femblait une cruelle ironie ; à son inexplicable inquiétude, elle est certaine d'un mal- heur et tremble de le connaître. Gabrielle se dirigea ensuite vers l'appartement de Roger ; peut-être sa sœur est-elle près de lui ; mais nouvelle tristesse, il n'y est point. Sa toque est à sa porte, souillée, son luth est brisé, tout annonce qu'il est sorti avec violence de chez lui. Gabrielle apprit que le père Athanase" était à la cha- pelle, elle le fit prier de se rendre chez le sénéchal où elle entra aussitôt. Siffroy était enfin rentré ; pâle et consterné il s'écrie à sa vue : — 0 chère damoiselle, qu'est-ce que la vie ! un instant a tout changé dans le manoir, où résonnaient tout à l'heure des instruments de danse, des chants joyeux. — Où est mon père, qu'est devenue ma chère Emma, où est Roger, son aimable frère, le prétendu troubadour ? Il ne faut plus dissimuler ce secret, où sont le frère et la sœur ? — Vous chercherez en vain la comtesse dans tout le château, dit Siffroy d'une voix sourde, cet ange d'inno- cence et de beauté n'y est plus. Le vieillard tomba alors dans un demi évanouissement, il ne parla plus. Le père Athanase qui entrait auprès de lui, lui fit prendre d'un cordial, et fit mettre au lit son vieil ami. — Hélas ! dit Gabrielle au vénérable moine, un crime a-t-il été commis ? Où retrouver la comtesse et son frère, cause innocente de tous nos malheurs ? Puis se tournant vers le sénéchal, elle lui dit de sa plus douce voix : Mon bon Siffroy, vous.savez bien que, souvent avec votre secours j'ai épargné bien des injustices à mon père; la comtesse et son frère sont-ils dans les cachots du manoir? Abusé par leur tendresse fraternelle, il a puac-