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LE THÉÂTRE A LYON 369 parler des compositeurs Leclair (1) et Dezaides, on en compte plusieurs que nous ne pouvons passer .sous silence. Marie Antier, qui fut si longtemps la reine de l'Opéra, et qui, à l'âge de quarante-huit ans, chantait encore comme à quinze ans, était née à Lyon en 1687 (2). Une autre Lyonnaise, Françoise Journet, avait débuté en avril 1705, à l'Opéra de Paris, où elle était devenue première actrice (3). Une célèbre comédienne du Théâtre-Français avait donné au monde l'exemple d'une conversion qui rappe- lait celles des grandes pécheresses du XVIIe siècle. A la suite d'une messe qu'elle avait eu la fantaisie d'entendre à l'occasion de l'anniversaire de sa naissance, Mlle Gau- thier avait quitté la scène pour venir au couvent de l'Antiquaille de Lyon prendre l'habit des Carmélites, le 20 janvier 1725, sous le nom de sœur Augustine de la Miséricorde. La nouvelle convertie était grande et bien faite, dit Luclos, et son teint avait de la fraîcheur. Elle faisait des vers passables et peignait très-bien en minia- ture ; on raconte qu'elle était douée d'une telle force, qu'elle ployait entre ses doigts une assiette d'argent, comme elle eût ployé une oublie. Sans rien perdre de sa gaîté naturelle, MUe Gauthier devint une des plus ferventes religieuses du couvent. Le bruit qui s'était fait autour d'elle et le charme exquis de sa conversation lui attiraient sans cesse de nombreux et d'illustres visi- teurs, qui ne se lassaient pas d'admirer le rare spectacle de tant d'esprit uni à tant de vertu. La sœur Augus- (1) Jean-Marie Leclair, fondateur de la première école de violon en France, ne à Lyon en 1697, fut assassiné à Paris, le 2ï octobre 1764. • (2) Elle mourut à Paris le 3 décembre 1747. — Pernetti, II, S31. — Rsvue du Lyonnais, Journal des nouvelles Ae Paris, loc. cit. p. 35. (3) Françoise Journet mourut à Paris en 172.2.