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                     UNE FEMME MURÉE                     ?95

    Rappelant Simon, il lui dit de faire prévenir aussitôt
 la comtesse, par un écuyer, qu'il était souffrant,
 et qu'il l'attendait chez lui sans le moindre retard.
    Le bal était plus animé que jamais, lorsque le messa-
 ge parvint à la comtesse qui se reposait quelques instants.
Elle se releva aussitôt. Gabrielle dansait avec Roger,
l'un et l'autre ne la virent pas sortir.
    Pendant qu'Emma, sans défiance et sans crainte, gra-
vissait le grand escalier, Gaspard s'entretenait avec son
sénéchal.
   — Siffroy, lui disait-il, je viens d'apprendre que ce
troubadour provençal est un espion dangereux ; il est de
devoir de le faire connaître au duc de Savoie, notre maître.
Saisissez-vous de lui après la fête; qu'on le jette dans
un cachot. Vous me répondez de lui sur votre tête! à
présent, laissez-moi.»
   Le sénéchal se retire consterné. Cette journée devait-
elle finir ainsi? Ce brave jeune honmme payera cher son
triomphe éphémère
   Emma entra chez le comte. La vue de cette beauté tou-
chante redoubla la fureur du barbare.
   — Approchez, Emma, femme infidèle ; vous me tra-
hissez !
   L'infortunée, à ces mott?, comprend que trompé par
les apparences, Gaspard la croit coupable; elle se hâte
des'écrier : — Je suis innocente, messire; le troubadour
est Roger de Laussac, mon frère !
   Hélas ! les colères de Gaspard sont des ouragans dé-
chaînés ; il n'entend rien, ne veut rien écouter; il s'ap-
proche de sa victime, la saisit par cette belle chevelure,
objet d'admiration pour tous, il y a quelques instants
 à peine, et lui plonge son stylet dans le cœur.
   E mma tombe comme un beau lys qu'atteint la foudre ;