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21)4                 UNE FEMME MURÉE

et ambitieux, il espéra obtenir une récompense de ses
rapports audacieux; il suivit donc le troubadour pas à
pas pendant la chasse, le vit entrer avec la comtesse
dans l'appartement de Gabrielle, puis seuls de longues
heures dans la salle d'honneur avec Emma. Gaspard
trouva Simon, l'archer, à sa porte.
    — Que me veux-tu ? lui dit-il, d'un air farouche.
    — J'ai, répondit à voix basse le misérable, j'ai des
révélations, importantes à faire à votre seigneurie. Et
Gaspard frémit sans rien savoir encore.
    — Je regarde comme un devoir d'instruire votre
seigneurie de ce que j'ai vu aujourd'hui pendant son
absence.
    Parle ! s'écria le châtelain.
    — Méfiez-vous, monseigneur, du troubadour proven-
 çal ; je l'ai vu entrer à la chapelle, sortir avec la com-
 tesse, la prendre dans ses bras, dans le bosquet sur la
 terrasse, la presser sur son cœur. Puis damoiselle Gabri-
 elle est venue, les a conduits dans son appartement. Plus
 tard, ils ont passé seuls plusieurs heures dans la salle
 d'honneur, et avant le retour de la chasse, je les ai vus
 seuls encore non loin de l'escalier de la grande po-
terne . . . .
    Gaspard ne put en entendre davantage ; il ne se donna
point le temps de réfléchir que la sage Gabrielle était
 dans le secret, qu'elle n'aurait pu approuver une conduite
 légère dans sa belle-mère, et que les liaisons coupables
fuient tous témoins. Son sang bouillonnait, sa tête était
en feu, il congédia Simon d'un regard. Cette âme
basse et servile attendait de l'or ; il s'éloigna mé-
content.
    Le châtelain était en proie à, un tel transport de colère
qu'il eut peur de mourir sans s'être vengé.