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254 PIERRES A ÉCUELLES ET A BASSINS continuité de l'existence ou de. son renouvellement par la génération. « Ces anciennes croyances dont on reconnaît les vesti- ges sur une foule de lieux ont aussi laissé des traces dans nos mœurs populaires. Si les femmes qui désirent ardem- ment le bonheur d'avoir des enfants ne vont pas, comme sur les bords du Gange, arroser avec une eau sacrée les écuelles et les signes gravés sur les blocs erratiques ou sur les rochers, du moins, il y a quelques années, dans le village de Moutier, en Bresse, les mères qui venaient de voir mourir leurs enfants, allaient les rouler sur la pierre de Saint-Vit, dans l'espérance de les voir revenir à l'existence (1). « Dans l'Oisans, les filles et les veuves qui voulaient trouver un mari, montaient à l'oratoire de Brandes et res- taient longtemps prosternées devant l'autel, en tenant entre leurs genoux une sorte de Terme en pierre, de forme conique et appelé la Pierre de Saint-Nicolas. Les plus dévotes, en gravissant à cet oratoire, choisissaient la pierre la plus aiguë qu'elles pouvaient trouver et la déposaient en offrande au pied du saint. « Et non loin de la pierre à écuelles de Thoys, lors- que les jeunes filles et les veuves allaient en pèlerinage à l'antique chapelle de Saint-Biaise, certaines prati- ques bizarres auxquelles elles se livraient pour obtenir un époux dans l'année pourraient bien rentrer dans le même brdre de superstitions et rappeler un culte presque disparu depuis l'âge de la pierre. » (1) « Pierre de Saint-Vit qui déshonore l'église de Moutier en Bresseet Iavérité; on la suppose avoirété transportée de Lucanie au royaume de Naples (à 300 lieues) où le saint fut martyrisé sous Domitien. On y porte les enfants malades auxquels quelque fois le froid de la pierre ote la vie. » Description de la Bresse Chaloimaise. Courtépéé. T. I I I . p. 437.) Depuis quelques années, le curé de Moutier a fait jeter cette pierre hors de son église. Désiré Monnier : Traditions populaires, etc., p. 387.