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2t6 UNE FEMME MURÉE da,, en l'honneur de la victoire, une remise sur les rede- vances. Au comble de la joie d'avoir l'espérance d'un héritier de son fief, il annonça une fête brillante, et ne parla plus que de cette prochaine réunion qui devait, pensait-il, réjouir le cœur des deux jeunes femmes. Toute la noblesse des environs devait être invitée, ainsi que des seigneurs de la Cour ; toutefois le seigneur de La Roche, souffrant et retiré dans son manoir, ne fut pas de ce nombre. Roger venait d'avoir un congé de trois mois, il revenait heureux de l'espérance de revoir sa famille, d'em- brasser sa sœur ; il trouva son père triste et souffrant. Le père raconta son court séjour à Gramont: —Votre sœur n'est point heureuse, dit-il à Roger ; je comprends trop tard, que la fortune et les titres ne font pas le bon- heur. Toutefois, Roger, ne voyez votre sœur que pendant l'absence de son époux; j'ai eu trop de sujets de méconten- tement pour vous permettre de vous trouver en présence du farouche Gaspard. Roger désolé voulut cependant avoir des nouvelles de sa sœur, et sans suite, dans le modeste équipage d'un écuyer, il traversa le Rhône, et entra dans la seigneurie. Il questionna, sur les maîtres du manoir, bourgeois et manants, et tout le monde s'accorda sur un éloge : celui des deux châtelaines. — Souvent, lui dit-on, on les voit chevaucher ensemble, dans les vallées, dans les vil- lages, répandant des bienfaits, se faisant aimer de tous. Ensuite, on parla à Roger de la fête annoncée, toute la noblesse des alentours était convoquée. Des baladins de- vaient y donner des représentations, et des astrologues y prédire l'avenir sur la place du village. Ce fut un trait de lumière pour Roger. EUGÉNIE D'CTGEVAL-DUBOUCHET. (A suivre).