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208 DNE FEMME MURÉE et varlets, en grande hâte, dressaient la table d'honneur dans la grande salle. Gabrielle avait aussi fait préparer des rafraîchissements pour les nombreux vassaux qui accouraient pour voir lajeune châtelaine. Cependant un homme, sous le costume de pèlerin se présenta à la porte du manoir et demanda la damoiselle. Gabrielle le reçut et reconnut Robert, le braconnier sauvé par elle, lorsqu'il releva son capuchon. — Je viens sous ce déguisement, dit-il, revoir ma bienfaitrice, et ma femme et mes enfants. Aujourd'hui jour de liesse, je pas- serai inaperçu, et mon cœur reprendra une nouvelle vie en respirant l'air si doux de mon pays. — Vous êtes bien imprudent, répondit Gabrielle ; de grâce ne sortez pas du château avant la nuit ! Robert, je tremble pour vous. Gertrude seule viendra vous embras- ser ici; ne détruisez pas notre ouvrage. Vos enfants sont bénis de Dieu, tout marche bien dans votre ménage, plus tard, peut-être, pourrez-vous y rentrer. Comme elle parlait encore, des cris se font entendre, la sentinelle fait résonner son cor, les archers sont à leur poste. Profitant du tumulte de la fête, une bande de bohémiens vient d'envahir le château ; déjà elle pé- nètre dans les salles, s'empare des objets les plus pré- cieux. A cette époque, ces bandes vagabondes étaient la terreur des manoirs et des villages. Souvent, pendant les guerres et même les chasses, ces misérables faisaient irruption dans les habitations sans défenseurs, et dé- pouillaient nobles et manants. Robert, à cette vue, ne consulta que son cou/age et sa reconnaissance. 11 fond comme un ouragan, sans souci de sa robe de pèlerin, sur des scélérats entrés dans la grande salle. L'un d'eux d'une taille d'Hercule venait de s'emparer d'une aiguière et luttait corps à corps avec un