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19,6          JOURNAL DES NOUVELLES DE PARIS


                                           Ce 11 aaût 1735.

    Je vous écris rarement parce que les matériaux man-
 quent. Paris ne nous fournit rien : on est si tranquille à
l'armée que ce n'est pas sans raison que M. de Bellisle écrit
à son père qu'il préférerait cent fois la paix à une guerre
comme celle-là. Ce n'est pas là en effet son compte pour
devenir maréchal. Toutes les lettres cependant, qui vien-
nent de ce pays là assurent que la fin de la campagne ne
répondra pas au commencement. Mais je crois qu'ils
 seront bien entrepris si l'armistice ne vient pas les tirer
 d'embarras, car à moins que l'Electeur palatin ne
 leur voulût donner le passage par Manheim, où est ce
 que, nous risquerons le passage du Rhin sans risquer
 l'événement d'une bataille contre des gens aussi forts que
 nous pour ne pas dire plus, après l'arrivée des Moscovites
 qui sera à la fin du mois?
    Cependant les fourrages de la grande armée vont être
 consommés au premier jour : on croit qu'on envoie des
 foins et des farines pour 40,000 hommes du côté de la
 Moselle. Les hussards nous ont enlevé 42 gardes fran-
çaises qui étaient sortis des retranchements pour aller
manger de la salade, et on les a emmenés manger du jam-
bon à Mayence.
    Si le bruit qui court dans Paris que la Czarine a été
détrônée et qu'elle est actuellement dans les fers, que ce
soulèvement a été fait en faveur de sa nié *e par le motif
de la cession qu'elle a faite aux Persans de sa conquête
était vrai, cela ne gâterait pas nos affaires: on-assure
que le général Munie, par une heureuse prévoyance, s'était
retiré chez le roi de Prusse.
    Pour contrebalancer cette bonne nouvelle, on parle
d'une défaite générale de l'armée de nos bons amis les