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166 PIERRES A ÉCUELLES ET A BASSINS vous mêmes ce dernier grand phénomène-géologique dont l'homme a été peut-être le témoin (\). Depuis l'illustre De Saussure, un grand nombre de géo- logues, parmi lesquels il faut citer MM. E. Benoit et Oh. Lory, ont fait du terrain erratique du bassin du Rhône moyen, l'objet de leurs observations et de leurs recherches; mais ces savants occupés par d'autres travaux, n'avaient qu'esquissé la marche des anciens glaciers, depuis les sommets des Alpes jusqu'à Lyon. Il restait à faire une monographie des phénomènes glaciaires dans notre con- trée. Deux de nos compatriotes, MM. A. Faisan etE. Chan- tre, déjà connus par leurs travaux géologiques, ont entre- pris cette tâche. Ils publieront bientôt les résultats de leurs recherches, et déjà ils ont pu envoyer à l'Exposition Uni- verselle de Paris, leurs cartes, leurs coupes et les dessins des principaux blocs de leur catalogue. Ces blocs erratiques n'ont pu manquer, non plus, d'ins- pirer un ingénieur de renom, poète et religieux, M. Ansel- mier, lequel édifie aujourd'hui, avec tant d'art et de mi- nutieuse perfection, le plan en relief du département du Rhône. (1) L'homme a vécu en face des glaciers, parce que le froid n'était pas intolérable, dans l'espace que ces glaciers laissent libre, et nous possédons des vestiges de son industrie, témoin ces couteaux, ces racloirs, ces lances en silex, ces haches, ces percuteurs en roches dures, ces os taillés, ces mille objets que M. l'abbé Ducrost et M. Chantre o n t arrachés des éboulis de la montagne de Solutré pour les grouper avec art dans le Muséum de Lyon. L'homme de Solutré semble se rattacher aux peuplades qui ont été repoussées jadis au nord de l'Europe et de l'Asie, à ces tribus qui vivent presque toujours au milieu des neiges et des frimas. On vo- yait autour de lui des éléphants, des rhinocéros à grands poils, de grands cerfs, des rennes, des antilopes Saïga, des marmottes, des chevaux de petite taille. Les mammouths formaient autour de Lyon de grands troupeaux. P a r t o u t on recueille leurs ossements dans le lehin, cette terre à pisé qui résulte de la lévigation des anciennes moraines. Le magnifique mammouth qu'on admire au Muséum de Lyon a été découvert à la montée de Choulans. (Voir l'Histoire géologique des environs de Lyon, par M. Faisan. Lyon 1874.)