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142          NOTICE SUR PHILIPPE THIERRÃÀT

   Sa naissance fut, comme celle de tous les premiers nés,
saluée par les vœux de bonheur de sa famille. Son père,
Augustin Thierriat, était alors au début de sa carrière
d'artiste, carrière qui promettait d'être brillante, mais
qui n'était pas encore le chemin de la fortune. La jeune
mère ne vivait que pour son mari et son fils et leur pro-
diguait les richesses du cœur le plus aimant. "Un second
fils vint cimenter leur amour. Le bonheur semblait as-
suré à ce jeune ménage si travailleur et si plein d'espé-
rance. Mais le destin aveugle, voulant prouver une fois
de plus que rien n'est stable ici bas, rompit brusquement
cette union si complète ; la mort vint s'asseoir au foyer,
prit la jeune femme et brisa cette famille pour toujours.
   Philippe entrait dans s a septième année. A cet âge,
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bien des enfants frappés comme lui ne comprennent pas
la perte immense qu'ils viennent de faire. Lui en ressentit
toute la cruelle amertume et sa raison s'ouvrit h ce mal-
heur comme s'il eût eu le double d'années. Son bonheur
s'envolait avec Târne de sa mère. Qui allait désormais
l'aimer et l'envelopper de cette tendresse dont l'enfance
à tant besoin? Presque seul au monde, car l'enfant ne
comprend pas encore l'amour d'un père, le pauvre petit
sentait qu'il s'était fait un grand vide autour de lui.
    Cependant, la Providence ne l'avait pas complètement
abandonné.
    La vieille domestique de son père, la bonne Françoise
Tisseron, qui avait guidé ses premiers pas et qui pleurait
aussi la perte que la famille avait faite, se donna pour
tâche de remplacer auprès des petits orphelins la pauvre
mère absente. Dès lors, ce fut une tendresse et un de'-
vouement sans bornes, une abnégation continue et la
pauvre servante, rattachée à la vie par le sacrifice et
l'amour, prodigua aux deux enfants tous les inépuisables
trésors de sa tendresse.