page suivante »
UNE FEMME MURÉE 133 Ge moment arriva enfin, et Gabriellè de Mornieux se trouva en leur présence, entourée de brillants cheva- liers aux armures pesantes , de courtisans couverts d'habits somptueux, de jolies femmes, ayant toutes les séductions de la jeunesse, de la beauté, d'une race glori- euse et irréprochable. Eblouie par tant de magnificences, la jeune fille se crut transportée au pays des fées, Si Gabriellè fat ravie, elle charma aussi toute la cour. Son air digne et modeste, sa taille gracieuse, sa figure noble et régulière, d'ont l'expression d'intelligence et de bonté attiraient à première vue, lui gagnaient tous les cœurs. Le duc s'approcha d'eJiô, la nomma à la dachesse, et Gabriellè ne se lassait pas de les contempler avec un naïf enthousiasme. Philibert avait alors 37 ans, sa haute taille, sa dis- tinction et sa dignité inspiraient le respect. Marguerite, à peu près de son âge, joignait à la beauté, la grâce qui attire. Appelée à bon droit ïa bonne duchesse, elle avait soumis tous les coeurs, dans ses états de Savoie. Gabriellè passa trois semaines à Ghambéry, trois se- maines qui s'envolèrent comme un songe.. Elle assista à un tournoi et fut enchantée de ces jeux chevaleresques, où la jeune noblesse s'exerçait a la valeur et à la courtoi- sie. Le dwc lui-même voulut briser plusieurs lances avec les tenants du tournoi, et victorieux deux fois, il reçut de Marguerite une écharpe brodée de sa main. Le peu- ple ravi errait, Noël! Noël! à son souverain, ce noble prince q>uï devait sa couronne moins à sa naissaacé qu'à sa valeur et à ses sages négociations. Cependant Gabriellè, un stoir, remarqua non loïn d'elle une jeûne fille1 belle, frêle et délicate ; ses traits respi- raient la sensibilité et la inélanoolie, elle causait jiea^