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82 POÉSIE Toi qui, dans ma jeunesse, emplis toute mon âme D'un nouveau sentiment plus brûlant que la flamme Dont ton sein généreux a souffert tour à tour Pour ta Graziella comme pour ton Elvire Et lorsque Jocelyn sanglottait sur sa lyre Au désespoir de son amour ; Toi qui m'appris enfin par tes vertus civiques, Ce que peut un héros dans les luttes publiques, S'il a pour son pays un rêve de bonheur, Et qui gardant une œuvre au prix de ton courage, Pour elle offris ton sang révolté d'un outrage, L'aimant mieux perdre que l'honneur ; Oui c'est toi fier poëte, admirable génie, Barde aux célestes chants, prince de Fharmonie, To sombre historien et brillant orateur Qu'on doit ceindre à jamais d'une triple couronne, Mais de ton front si pur où la gloire rayonne Qui peut atteindre la hauteur ? J'éprouve, à ton. seul nom, cette angoisse secrète Du timide disciple, en tremblant, qui s'apprête A louer, devant tous, le maître respecté, J'ai pourtant bégayé tant de fois ton langage Qu'il doit se retrouver, seul titre, en mon hommage, Comme par l'écho répété. Et quel enfant jamais dans l'élan le plus tendre D'un père qu'il chérit n'a pu se faire entendre ? . . , Ah ! si les plus doux chants ne venaient que du cœur. Parmi ceux aujourd'hui qui frappent ton oreille, Je voudrais d'une voix, jusqu'aux cieux, sans pareille, Te célébrer d'un chant vainqueur ! Quand de t'avoir pour fils une ville s'honore, Te rendant en ses murs un triomphe sonore,