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                       CLÉMENT HAROT                       469

de ferme Amour, laquelle je trouvay en meilleur endroit
du Temple de Cupido* en le visitant, comme l'aage lors
le requérait. C'est bien raison doncque que l'œuvre soit
toi dédiée qui la commandas, à toy, mon premier mâistre,
et celuy seul (hors mis les Princes) que jamais je servi.
Soit doncques consacré ce petit livre à ta prudence, noble
seigneur de Neufville, afin qu'en récompense de certain
temps que Mârot a vescu avecques toy en ceste vie, tu
vives ça bas après là mort avecques lui, tant que ses
œuvres dureront »
   Marot, pendant son séjour à Lyon avait confié à Etienne
Dolet l'impression de ses œuvres. Lié avec tout ce que
notre ville comptait d'intelligent, il était fêté et adulé par
la brillante société d'alors, et quand il partit, ce fut à qui
répéterait ces vers, que deux ans auparavant, il avait
adressés à notre ville :

      Adieu Lyon qui ne mords point,
      Lyon plus doulx que cent pucelles,
      Si non quand l'ennemy te poinct,
      Alors ta fureur point ne cèles ;
      Adieu aussi à toutes celles
      Qui embellissent ton séjour ;
      Adieu, faces claires et belles, _ •
      Adieu vous dy comme le jour.

       Adieu cité de grand'valeur,
       Et citoyens que j'ayme bien.
       Dieu vous doint la fortune et l'heur
       Meilleur que n'a esté le mien.
       J'ai receu de vous tant de bien,
       Tant d'honneur et tant de bonté
       Que vouluntiers dirais combien :
       Mais il ne peult estre conté.