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JOUftNA.1. DES NOUVELLES DE PAUIS 433 les Pâques ; ces lettres qui é oient hors de prix dans les commencements, se vendent encore 6 fr.; elles sont plei- nes d'esprit, mais un esprit de fanatisme et d'indépendance tempérée et spirituelle qui révolte jusqu'à ses amis. Je re- garde cet ouvrage comme un chef-d'ceuvre de vanité de sa part et par lequel il a voulu faire voir qu'il était un homme universel, mais il a tout au plus fait connaître qu'il avait des idées de toutes les sciences, n'ayant fait qu'écrémer légè- rement celles dont il a parlé, et il a appris à ceux qui ne le connaissaient pas qu'il n'a aucune religion. Il paraît une petite brochure qui est très-rare et que l'on ne peut avoir que très-difficilement. C'est une rétractation de l'athéisme par M. Boindin qui est un des hommes de Paris qui a le plus d'esprit et le moins de religion (1). C'est lui qui a fait cette réponse à un provincial qui, l'entendant nommer, lui demanda si c'était ce M. Boindin qui ne croyait pas en Dieu. A quoi ce M. Boindin r é - pondit : Je fais plus, je le prouve. M. Boindin dans ses écrits abjure ses erreurs. Comme c'est un ouvrage sup- posé sous son nom, M. Boindin publie que c'est quel- que janséniste qui lui a joué ce tour-là , car quoique M. Boindin passe pour n'avoir pas de religion, il ne laisse pas que d'être un moliniste des plus zélés. M. de Laon continue toujours ses fureurs ecclésias- tiques : il vient de donner un mandement par lequel il excommunie tous ceux qui liraient des arrêts du parle- ment qui n'a pas laissé que d'en rendre un qui condamne ledit maniement à être brûlé par la main du bourreau. (1) Nicolas Boindin (1677-1761), d'abord mousquetaire, puis repu à l'Académie des inscriptions en 1706 ; son athéisme lui ferma la porte de l'Académie française. Voltaire le célébra sous le nom de Bondon dans son Temple du goût. Les honneurs de la sépulture lui furent refusés.