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396                   CHRONIQUE LOCALE

   — Il fait froid.
   — Si du moins les hommes valaient mieux que le temps!
Mais, voyez donc les annales de la Cour d'assises, sans comp-
ter les drames dont les auteurs sont inconnus !
   Jamais plus affreuse collection de crimes n'a déshonoré
notre histoire . Même à part les suicides qui sont un crime
aussi, quoique faisant aujourd'hui partie des mœurs publi-
ques, on ne se prive de rien, on ne se lasse de rien, on goûte
de tout : escroqueries, vols, arrestations, violences, attentats
de toutes sortes, assassinats pour un oui, pour un non, tout
est bon. Nous faisons un joli peuple et nous avons une
aimable histoire.
   Est-ce donc la misère qui pousse ainsi les populations ?
Oh ! mon Dieu non ! Si quelques industries chôment, d'au-
tres travaillent; les buvettes sont pleines, les brasseries
bondées, les cafés garnis et les théâtres regorgent. Il pa-
raît qu'on vole et qu'on tue simplement par amour de l'art ;
quant au suicide, c'est affaire de goût et parce qu'on ne s'a-
muse pas encore assez.
   — Pourtant, les spectacles et les plaisirs ne manquent pas.
Chacun peut trouver le sien. N'avons-nous pas, [au théâtre,
les Cloches de Corneville et le Procès Veauradieux ?
   Le 12, la ville, mise en goût par desjafriches, est accourue
contempler, dans ses principales rues, la Cavalcade de l'Ogre,
réminiscence et souvenir des fêtes de Nice ; mais Lyon a
trouvé la troupe maigre, les chars économiques,les costumes
étriqués, les ornements fanés, les chevaux lourds et vulgai-
res. On se souvenait de cette splendide cavalcade de bienfai-
sance du mois de mars 1864, dirigée par les personnes le
plus haut placées de notre ville et à laquelle avaient pris
part nos artistes et nos industriels. On comparait le Char
de l'Agriculture, d'alors, avec ce misérable Char de Cérès
d'aujourd'hui, et si ce n'eût été l'Ogre, mannequin gigan-
tesque et original qui avalait des enfants comme des pilu-
les, on eût certainement sifflé. Aussi la recette a-t-elle été,
comme l'enthousiasme, peu de chose,' et les journaux ont-
ils été sévères pour cette spéculation particulière qui avait
si complètement raté.
   — Depuis le milieu du mois, les concerts Mangin ont
lieu tous les soirs à Bellecour et ils seraient, sans nul doute,
superbe? et très suivïs, si tous les soirs il ne pleuvait [pas.
   — Le 26, la Société de tir de Lyon a ouvert son grand
concours international. Les étrangers y sont accourus,
empressés de nous disputer les prix. Le banquet officiel
aura lieu au Stand, le jeudi, 30 courant.
   — Grand concours hippique, du 29 mai au 2 juin, cours
du Midi, à Perrache.