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4 IE RAVIN DE SAINT-ROMAIN 375 Bientôt le chemin nous fait pénétrer dans Saint-Ro- main. Le village, comme la route que nous venons de parcourir, est complètement désert. Cette solitude nous plaît, rien ne nous distrait dans notre examen, et nous marchons sanscrainte de sentir un œil importun et in- discret nous demander, en quelque sorte, compte de nos investigations; c'est pour nous plaisir et profit, car nulle part encore nous n'avons trouvé un endroit plus intéres- sant pour le curieux comme pour l'artiste. Nous rencontrons d'abord une vieille porte toute pi- quée de gros clous destinés à lqi servir d'armure, et au- dessus de laquelle s'avance un mâchicoulis protecteur, souvenir des luttes qui désolèrent la province pendant le moyen-âg-e. Puis, nous engageant dans la rue principale de St-Romain, notre attention est attirée à chaque pas, tantôt par une vielle tourelle, un toit surplombant, un encorbellement; tantôt par un écusson à demi effacé ou un meneau aux sculptures encore intactes. Et au-dessus de tout cela, par-delà les habitations, on aperçoit les vignes, les rochers et les bois s'étageant d'une façon qui rap- pelle un peu les gorges à peine fréquentées du Bugey. C'est ainsi qu'on arrive sur la place duvillage. Elle est plantée de trois arbres qui doivent l'ombrager entière- ment pendant l'été : un vieux tilleul, un platane aux ra- mures déjà puissantes et un grand peuplier d'Italie, droit comme une colonne. Du tronc de ce dernier, s'échappe un filet d'eau amené par quelque tuyau caché sous l'écorce. C'est la plus champêtre fontaine que l'on puisse imaginer; aussi, n'était la saison, ce serait avec une joie enfantine que nous boirions de son eau limpide. A gauche des trois arbres, est l'église, elle est petite, et son campanile est carré avec toit plat recouvert en tuiles creuses; l'ahside est de style roman et ses fenêtres