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I 362 TOUSSAINT BECHAZELLE tive, tandis que s'il avait obéi à la première tentation de découragement, il est vraisemblable que son ave- nir tout entier eût été compromis. Le couvent n'était point fait pour lui, car céder à un accès de dépit ne fut jamais tenu pour une marque de vocation religieuse. Le nouvel intéressé de la maison Guyot et Germain sut répondre à la confiance qui venait de lui être témoi- gnée. A partir de ce moment, il renonce aux plaisirs de son âge ; enfermé dans son cabinet du matin au soir, il médite, cherche et compose sans répit. Bref, il fait tant et si bien, que deux ans à peine écoulés, les affaires de sa maison ont plus que doublé. Aux foires de Leipsik et de Francfort, grands débou- chés alors des produits de la fabrique lyonnaise, on se dispute, on s'arrache les articles sortis de la maison Guyot et Germain. Les patrons intelligents l'associent et lui offrent une part égale dans les intérêts. Sa fortune grandissant, il en profite pour faire de fréquents voyages à Paris, afin de renouveler ses idées, rafraîchir son imagination par l'étude des objets d'art de toute espèce, recueillis dans la capitale. Il ne se contente pas de voir, lui-même collectionne livres, tableaux, etc. Accueilli partout dans le monde distingué, grâce aux agréments de son esprit cultivé, à son goût épuré et à ses bonnes manières, il utilise ses voyages artistiques en rapportant chaque fois de magnifiques commissions. On fabriquait à cette époque beaucoup de gilets bro- chés dont les sous-poches étaient ornées de sujets variés : paysages, figures, etc., les commissionnaires allemands se montraient exigeants, jamais ils ne pouvaient obtenir de livraisons assez importantes à leur gré. Ils se plai- gnaient aussi que les gilets étaient trop courts. Ces Al- lemands sont donc bien grands? disait Dechazelle à ses