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340                       COUVENT DES MINIMES

   La péroraison est formée par quelques paroles de con-
solation adressées à la duchesse de Montpensier et une
exhortation aux assistants à prier pour l'âme de celu^
qu'ils pleurent.
   Dans ce discours, notre prédicateur eut, sans le savoir t
pour concurrent un des orateurs sacrés les plus en renom
à cette époque, Fenolliet, bientôt après élevé à l'évêché
de Montpellier (1).
   Le rapprochement des deux oraisons funèbres ne serait
pas défavorable au minime ; si -l'éloge prononcé à Notre-
Dame emprunte à la soiennité du lieu et de la cérémonie
officielle, plus d'apprêt, une élévation plus soutenue, le
discours de Trévoux semble l'emporter par la simplicité,
le mouvement, et je dirai aussi la vivacité des regrets et
la sincérité de la louange. Le prêtre qui console des
chrétiens et le religieux qui pleure un bienfaiteur et un


    (1) Oraison funèbre sur le trespas de Henri de Bourbon, duc de Mont-
pensier, prononcé en la grande église de Notre-Dame de Paris, le 21 mars
 1608, par Messire,Fenolliet, Paris, Rolin-Thierry, 1608.
   Nous ne nommerons ici que pour mention un autre panégyriste du
 duc de Montpensier. Jessé Ganu, de Rouen, qui fit imprimer son dis-
 cours sous ce titre : Oraison funèbre à la mémoire de feu Monseigneur le
 due de Montpensier, dédiée à Madame son épouse, par Jessé Canu, rouennais
 eschollier, et prononcée publiquement au collège du trésorier de Notre-Dame
 de Rouen, par le mesme, le dimanche 16 mars 1608.
    On jugera de l'œuvre de ce véritable écolier et de la manière dont on
 enseignait alors à parler, par la proposition même du discours. « A
 « cette occasion, dit-il, bâtissons une antipéristate, en sorte que nous
 « puissions faire sympathiser le chant de. joie avec le chant funèbre, et
 t tirons ces deux effets d'une même cause, et que cette cause soit la
 t mort. »
   Parce que le duc de Montpensier eut son château de Graillon incen-
 dié, il est comparé à Sardanapale et appelé l'Hercule de France Dans
 la péroraison, le chant de joie seul est entendu « comme jadis l'on
 « jetoit en l'air mille cris d'allégresse lorsque quelque capitaine ro-
 « reain étoit mené en triomphe et qu'il s'en eiloit dans le capitole
 c porter sa couronne da lauriers, marque de sa victoire, au giron de
« la statue de Jupiter; de même ores que Henri de Bourbon, duc de
e Montpensier, tiré sur un char de gloire, triomphe dedans les cieux,
« et qu il est allé présenter à son Dieu, mn point un laurier, mais
« une âme toute divine, escrions-nous avec Horace, messieurs, escrions
« nous à gorge déployée :
                      Teque dum procedis, lo triumphe I
                      Non semel dicemus, lo triumphe !