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                   LES ÉLÈVES SOURbS-MIÎBTS              295

de Fouie était indispensable pour que l'enfant pût faire
l'apprentissage de la parole et, convaincus de leur impuis-
 sance, ne faisaient rien pour développer l'intelligence du
 malheureux privé de l'entendement physique. Que de
tristes existences ont végété ainsi dans la succession des
siècles, inutiles à la société et à charge à elles mêmes!
Qu'a-t-on fait, pendant le cours des âges, pour ouvrir la
prison à ces âmes captives, si dignes d'intérêt et d'amour?
Les philosophes les plus amis de l'humanité disaient que
le sourd-muet n'était qu'un automate, incapable de s'é-
lever par lui-même aux moindres notions intellectuelles,
et il a fallu venir à nos jours, descendre jusqu'à la fin du
moyen âge et à la renaissance des arts pour trouver une
certaine instruction unie à la surdi-mutité. On cite avec
étonnement ce sourd-muet d'Heidelberg qui, au XVe siè-
cle, savait écrire et qui communiquait ses pensées à ses
concitoyens comme s'il eût eu l'usage de la parole. Dès
lors, l'éveil était donné ; Jérôme Cardan publie qu'on
peut instruire les sourds-muets ; c'est l'avis d'un médecin
célèbre qui, dans un traité d'anatomie sur les organes de
la voix, offre quelques préceptes sur l'enseignement à
donner aux sourds-muets (1) ; puis un Bénédictin espa-
gnol,, le vénérable Pierre de Ponce, essaie de mettre ces
conseils en pratique, réussit au delà de toute espérance,
et comble d'admiration ses compatriotes en présentant à
des examinateurs des élèves sachant lire, écrire et répon-
dre à des questions.
   L'Angleterre vint ensuite, puis la Hollande et des
ouvrages parurent annonçant que désormais les sourds-
muets ne seraient plus de pauvres déshérités. Enfin, la



 (1) Fabrice d'Aquapendente (1517).