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292 SOUVENIRS D'UN GÃ MlNi
mière fois, ces Croates, avec leur pantalons collants bleu
clair, ces Hongrois couverts de galons et leurs;bottes la-
cées leur tenant la jambe ferme, ces troupiers autrichiens
aux habits blancs, et ces mêmes dragons de la Tour que
j'avais vu si bien fuir la veille avec leur chenille jaune
dominant leurs casques. Tous sans exception avaientorné
d'un morceau de buis en guise de laurier qui son bonnet
qui son casque ou son schako, chacun voulait avoir un
signe de sa victoire.
Leurs musiques, excellentes du reste, jouèrent toute la
soirée, à la grande satisfaction des habitants encore tout
ahuris des événements auxquels ils venaient d'assister
et qui, quoique e'craséspar l'ennemi, se rappelaient trop le
long joug de fer de l'empire auquel la chair à canon
commençait à manquer, pour ne pas espérer qu'une ère
nouvelle allait commencer. Effectivement, le drapeau au-
trichien, noir et jaune, fut arboré sur l'Hôtel-de^Ville ;
mais, deux jours plus tard, il était remplacé par le dra-
peau blanc et la légitimité restaurée faisait espe'rer plus
qu'elle n'a tenu.
Les événements qui suivirent sont du domaine de l'his-
toire à laquelle les Souvenirs d'un gamin n'ont certes pas
la prétention d'ajouter une seule page.
PAUL ETMARD.