page suivante »
SOUVENIRS D'UN GAMIN DE LYON DE 1814 C'était un beau dimanche, premier jour de printemps, l'air était pur, le ciel bleu, les papillons quittaient leur linceul et, se revêtant de leurs plus belles couleurs, vo- laient chercher des fleurs nouvelles, les abeilles ouvraient les portes de leurs cloîtres de cire et les oiseaux prépa- raient déjà leurs nids, la nature enlîn, sortant de son sommeil d'hiver, manifestait la vie nouvelle de toute part. La journée s'annonçait de voir être belle et nous autres gamins joyeux et sans soucis de l'avenir, nous projetions de rudes courses au jeu de, barre et nous méditions d'at- trayantes parties de billes et de toupie. J'étais à cette époque écolier à l'Institution de l'Enfance. Lamartine,de poétique mémoire, en sortait, et Lacenaire, dont les crimes ont rempli les fastes judiciaires, y entrait. C'était bien le premier jour de printemps qui s'annon- çait si beau, mais c'était aussi le 21 mars 1814 de né- faste mémoire et le gracieux réveil de la nature n'empê-