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258 COUVENT DES MINIMES la sentence, à s'évader sous un habit de soldat et s'enfuit loin de la ville attendre en sécurité le retour de jours moins troublés. En cette circonstance, la ruse et son. sang-froid le servirent plus utilement que la protection vainement sollicitée du trop fameux comte de Sault. Tant que le gouverneur avait cru devoir déguiser ses accoin- tances et ses projets, il n'avait ménagé aux papistes ni les bonnes paroles ni les services. Il endormait leurs soupçons en gardant la conduite la plus chétienne qu'on puisse imaginer. H faut voir avec quel mépris pour cette hypocrisie et quels naïfs regrets d'y avoir été pris, le vieil historien Rubys relève que le comte de Sault « se confes- soit à ce tant renommé frère Ropitel, surnommé le fléau des hérétiques par son zèle et sa doctrine, » Il assistait tous les jours à la messe les genoux en terre, et commur- niait souvent de la main de ce vénérable religieux dont il avait fait son ami. Mais quand les protestants furent les maîtres, le masque tomba et le sectaire ne fit aucune ten- tative pour arracher de leurs mains le moine, qui l'avait à son insu servi à couvrir des intentions criminelles. L'admiration et la reconnaissance du peuple chrétien voulurent en revanche faire monter au premier rang de la hiérarchie cet intrépide défenseur de l'orthodoxie. Les suffrages unanimes de la cité le désignèrent comme suf- fragant et administrateur de l'archevêché de Lyon. Il était appelé à succéder à Jean Henrici, pendant la vacance du siège, après la mort d'Antoine d'Albon (1 ). La modes- tie de l'humble religieux, qui n'avait accepté cette dignité qu'après avoir cédé,, aux plus vives et aux plus longues (1) Cf. Dony d'Attiohy : Histoire des Minimes.^- Coohard : Descrip- tion de Lyon. — Boulliot : Biographie Ardennaise.