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254                 COUVENT MES MINIMES

partagés en deux camps, et soutenant les arguments de
l'un ou de l'autre orateur par la violence du poignet.
 Ceux qui frappaient le plus fort ou dont les poumons et
le gosier tenaient le plus longtemps restaient maîtres de
la place , et le lendemain on recommançait, sans épuiser
davantage le fond de la question ^ ni mettre un terme à
l'ardeur des combattants.
   11 reste de ces discussions incessantes le résumé
imprimé d'une conférence que le Minime eut avec Pierre
Viret, un des plus fameux disciples de Calvin.
   Le Père Ropitel avait envoyé plusieurs questions à ce
célèbre ministre, le chef de sa-secte à Lyon, le priant de
les résoudre et de mettre sa réponse par écrit. Ce mode
de controverse laissait à celui qui se chargeait de donner
les solutions demandées les avantages de la réflextion et
de l'étude. S'il n'était plus soutenu dans le silence de son
cabinet parles applaudissements de la foule, en revanche,
les objections de son compétiteur n'arrêtaient pas son
discours et ne venaient pas l'interrompre dans son argu-
mentation. Il pouvait à loisir approfondir et étendre la
matière , mettre en lumière ses preuves et réfuter les
objections qui lui étaient adressées. Viret semble avoir
eu un goût spécial pour ces discussions faites la plume à
la main, loin du bruit et des-agitations d'un auditoire
ordinaire.
   Ses discours manquaient de chaleur et de mouvement,
et sa parole un peu lourde, diffuse et sans éclat, n'était
pas faite pour une assemblée tumultueuse. Il était beau-
coup plus sûr de lai-même, lorsque, dans sa retraite,
entouré de ses livres, il composait des ouvrages peu
volumineux, qu'il répandait fréquemment dans le pu.
blic, véritables brochures de propagande et de combat,
dans lesquelles les mœurs des catholiques n'étaient pas