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COUVENT DES MINIMES 253 Champenois, Ropitel avait embrassé fort jeune la règle de saint François de Paule, et était venu de bonne heure à Lyon. Probablement, le Père Simon Guichard l'avait eu pour un de ses premiers compagnons, avec Joseph Collin et Raymond Chabert. Il ne fut pas un des ouvriers les moins intrépides et les moins utiles pour la défense de la foi. Pendant huit ans, sans discontinuer, il fit dans la cathédrale de Saint-Jean des prédications fort courues, tenant tête aux principaux chefs de l'hérésie , attaquant leurs fausses doctrines, battant en brèche l'échafaudage de leurs raisonnements ou l'étalage de leurs hypocrites vertus. Les discussions théologiques, à cette époque, ne restaient pas dans la généralité du dogme , on était trop passionné de part et d'autre, pour ne pas oublier la dignité qui convient à la défense de la vérité. Les person- nes mêmes étaient mises en cause ; on portait en chaire les écrits que les réformateurs faisaient courir dans le peuple, se moquant des faussetés et mensonges de ce nouvel évangile. Le Père Ropitel n'hésitait pas à nommer ces prêcheurs de « sottes nouveautés, » comme il les ap- pelle, « des gens de sac et de corde, des apostats et moines défroqués, rebuts d'un cloître, en un mot, personnes dont les meilleures ne valoient rien du tout. » De telles amé- nités de langage recommandaient peu le prédicateur aux égards de ses adversaires. Aussi n'était-il pas épargné et plus d'une fois les discussions dégénéraient en grossières disputes, et devenaient un échange de vertes inso- lences. La populace était avide de ces spectacles, où ses passionsreligieuses et sa verve bouffonne trouvaient ample matière pour mêler dévotion et plaisanterie, piété et bonne humeur. Le débat commencé entre le moine et le ministre était souvent vidé dans la rue par les assistants,