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POÉSIE 245 Mais au niveau moyen de vos blocs erratiques, Je reconnais déjà les faits thermométriques Que vous avez en grand si bien enregistrés. Dans la glace et dans l'air ces efforts caloriques, Par leur effet divers, en courbe concentrés, Dilatent par le haut ces masses fantastiques ! Puis vers les grands sommets, je vois la bergue schronde Entr'ouvrir, en craquant, sa crevasse profonde Encore de nos jours l'effroi du voyageur ! Arrêté sur le bord, d'un œil craintif il sonde Les dangers inconnus semés dans la largeur De ces vastes parois qui contiendraient un monde ! Oh ! l'on pourrait se perdre à traiter ees mystères ! A rechercher comment ces masses glaciaires, Après un tel essor, ont enfin disparu ! De leur fin je vois bien les vastes estuaires Où lehm, blocs et galets en masse ont concouru ; Je cherche encore en vain les intermédiaires ! Mais quel souffle vient donc si brûlant, si rapide, Qu'en fondant par ses feux le chaos translucide, En dehors du frontal, les débris sont épars ! Yallons, fleuves ou lacs, ce n'est plus qu'un liquide Qui va, sans vous combler, traverser vos remparts, Quand ce printemps nouveau sur vos bords se déride. ' C'est le souffle de Dieu qui finit son ouvrage ! De l'ellipse allongée où la terre voyage Dans l'axe, elle a franchi la somme des vecteurs ! Et, renaissant plus belle, au sortir du passage, A peine aux vallons nus des plus grandes hauteurs, Elle a de ce passé conservé quelque image.