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232              LA. MISSION DE JEANNE D'ARC

   Dieu ne Tapas voulu. Peut-être n'étions-nous point di-
gnes d'une si éclatante intervention de la Providence. Il
faut, pour obtenir de pareilles faveurs, les mériter par sa
foi, sa patience, sa confiance en Dieu.
   Dans les cohortes qui suivaient Jeanne, il n'y avait pas
seulement des gens de cœur, il y avait surtout des hom-
mes de foi. On n'avait pas, à cette époque,. appris à dis-
tinguer la croix du drapeau. Il y avait encore autre chose :
c'est la manifestation d'un sentiment jusqu'alors ignoré
dans la vieille Gaule : celui de la patrie, sentiment com-
plexe, idée généreuse bien propre à rallier autour du
même étendard tous ceux que l'Ecriture appelle des hom-
 mes de bonne volonté.
    La Patrie ! . . . c'est parce que Jeanne d'Arc la person-
 nifiait au plus haut degré, qu'elle est restée populaire
 dans la mémoire de tous, non-seulement en France, mais
 dans l'Europe entière. On rapporte qu'en 1814, lorsque
 les armées coalisées inondaient notre sol depuis si long-
 temps vierge des pas de l'ennemi, un prince étranger se
 rendità la maisondeDomremy, et se découvrant, s'écria :
 « Je te salue, demeure d'un héros! » Et peut-être, tout
 bas, se félicitait-il que la terre de France ne produisît
 plus de pareils défenseurs ?
    C'est surtout comme incarnation delà patrie que Jeanne
 d'Arc est considérée par M. Frédéric Godefroy dans le bel
 ouvrage qu'il vient de consacrer à l'héroïque lorraine. La
 thèse est juste, elle est brillamment soutenue par le sa-
 vant écrivain et le talent qu'il déploie suffirait'seul à assu-
 rer à l'ouvrage la faveur qu'il obtiendra bien certaine-
 ment.
    Mais ce n'est pas là le seul élément de succès de la
 publication entreprise par l'éditeur Reichel. Celui-ci a eu
 à cœur d'élever à la gloire de Jeanne d'Arc un véritable