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      180               LA   BATAILLE DE NIÃŽZIB

       Séti I, RamsèsII, les armées égyptiennes avaient péné-
       tré jusqu'à la frontière des Indes. Puis, la fortune chan-
       geant, Nabuchonosor, le héros chaldéen, avait reconquis
       la Syrie, humilié l'Egypte et cent ans plus tard, Cam-
»      byse avait du puissant empire du Nil fait une province
       de son empire ; ces guerres, ces conquêtes, ces défaites,
       ces désastres avaient laissé dans le sang égyptien un
       ferment de vengeance et de fureur qui semblait avoir
       éclaté au bruit du canon de Nézib. Aujourd'hui tout se
       retrouve, tout se rachète et de leurs hypogées des bords
      du Nil, les morts anciens doivent être satisfaits.
         Le terrain était désavantageux pour les Africains, ce-
      pendant ils avancent. Au loin, on aperçoit le croissant
      de cuivre doré des cuirassiers syriens resplendir au
      milieu des carrés turcs qui s'ouvrent impuissants à ré-
      sister au choc de ces grands chevaux et aux coups de
      latte que prodiguent ces hommes couverts de fer; à
      droite, les habits rouges de l'artillerie attirent les re-
      gards, tandis que les petits fantassins habillés de toile
      grise, s'élancent par masses immenses, les rangs serrés,
     la baïonnette en avant, sur les pentes escarpées, soute-
     nus par les sons aigus du fifre qui domine les batteries
     du tambour et le crépitement de la fusillade ; de tous
     côtés le flot monte et bientôt il va déborder.
        Hafiz a vu le danger, c'est- au nord vers Nézib qu'est
     le plus grand péril. Le temps presse; il dégarnit son
     centre, appelle son aile droite et dirige toutes ses forces
    sur sa gauche qui plie. Il sait que la gauche égyptienne,
    en face d'obstables naturels, attaque mollement et se ré-
    serve; il compte sur les difficultés du ravin pour l'arrêter
    et il se jette en face d'Ibrahim avec tous les régiments
    qu'il a sous la main. Deux lignes d'infanterie couvraient
    son front, la cavalerie s'étendait sur une seule ligne, en