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LE SALON DE 1878 145 M. Ponthus-Cinier est toujours l'infatigable produc- teur que tout le monde connaît. Les jeunes peintres im- puissants, disait dernièrement un critique, ne peuvent lui pardonner sa fécondité. Mais heureusement, celan'ôte pas à cet artiste une parcelle de sa réputation ; ses deux grandes toiles, surtout le n°440 représentant le palais de la reine Jeanne sur le Golfe de Naples, se font remarquer par l'habileté de la mise en scène et par la richesse de la couleur. Citons encore de bons paysages de M. Keymenlen, un bizarre effet du matin de M. Van Luppen, de nombreuses toiles de MM. Chauvier de Léon, Fontenay, Bèauverie, Langerock, Auguin, Karcher, Bruyère, Lévigne; de jolies études de bois par M811- Ducurtyl; La Saône le soir, par M. Villard, et Un canal près de Dordrecht bordé de moulins à vent et voilé par le ciel changeant de la Hol- lande: c'est l'œuvre de M. Stengelin. Mais voici les marines de MM. Appian, Girardon Washington, Ruyten, etc.. La lumière de M. Girardon n'est-elle pas un peu excessive ? je l'ai pensé d'abord, je l'ai entendu dire ensuite. Quant aux marines de M. Ap- pian, elles sont de plus en plus des chefs-d'œuvre, com- me ses fusains ; c'est un homme heureux. Voyez surtout le vaisseau qui brûle en mer, à demi-perdu sous les va- gues, les rochers sur lesquels les oiseaux de mer vien- nent s'abattre et le coucher de soleil véritablement pro- digieux de lumière et de nuances infinies. Ah ! oui, M. Appian est un homme bien heureux ! M. Roman représente, dit-on, la peinture de l'avenir. Ce qui frappe chez lui, c'est l'absence de la lumière. Il faut pourtant lui reconnaître une forte dose d'originalité dans ses Platanes à Menton : son talent est discutable et discuté.