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108 LE TÈNEMENT DE THUNES mais les autres moyens ont varié selon les temps et les connaissances scientifiques. Quant au nom de Thunes, nous allons maintenant en expliquer la valeur au point de vue philologique. Pour peu que l'on y réfléchisse, on s'apercevra que ce vocable est générique dans les divers dialectes de la langue romane en usage dans nos anciennes provinces, Le latin tina, le bas latin tuna, le patois des Alpes tuna, tona, ton, le patois de la Savoie tuna, tana, ton, le patois dauphinois tuna, le vieux français tina, Une, tune, tunnel, le français moderne tonne, tonnelle, rap- pellent tous l'idée de cuve, de cuvier, de vase, de réser- voir, de conserve, de citerne, de conduit souterrain, de canal, de trou, de crevasse, de fissure, de caverne, de tanière, d'endroits voûtés, de lieux abrités ou cachés sous un dôme de pierre, de roche, de planches ou de feuillage. Tout le monde sait que, dans nos campagnes, une tine ou tinette est un vase en bois, une cuve, une gerle, un gerlot ; que le tinal ou tinalier est, chez les paysans du Beaujolais, du Maçonnais, du Lyonnais, la cave qui contient les tines, les tonneaux et autres récipients vinaires. On n'ignore pas non plus que, dans nos con- trées montagneuses du Dauphiné, du Bugey, de la Sa- voie, une tine ou une tonne est un trou arrondi, creusé dans les rochers par les eaux furieuses des torrents dont ils encaissent le cours. Nombreux sont les lieux nom- més ainsi. En voici quelques-uns des plus connus: les tines ou les cuves de Sassenage, les tines ou les cuves du Buisin, les tines de l'Engouffre, les tines des Mou- lins, la Tinéa, la tina de Tortu, la tina de Fornant, les tines de la Caille, les tines de Chenaillon, les tines de Chamonix, les tine^ de Nantborrand, la Tinière, les