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                  LA BATAILLE DE NÉZIB                   35

   Et il avait raison, car les Syriens formaient une partie
de son armée et, de ces soldats désaffectionnés, on pouvait
facilement redouter lâcheté ou trahison.
   Quel pays que celui où deux peuples allaient se faire
la guerre ! Mésopotamie, Assyrie,ou Chaldée, il le dis-
pute en célébrité à l'Egypte, à la Grèce et à l'Italie et
il l'emporte sur elles en antiquité. C'est là que fut le
berceau des hommes, là que, selon la croyance géné-
rale, fut cet Eden où naquirent nos premiers parents,
là que les premiers besoins des hommes firent éclore la
science : l'astronomie, l'astrologie, la divination, l'écri-
ture, les mathématiques, l'architecture, et, à la suite de
cette dernière, tous les arts de la civilisation. Les ro-
chers des environs de Koufa sont couverts de ces sigles ?
ou caractères mystérieux, premier essai des hommes
pour fixer et perpétuer leur pensée. Au-dessus d'Orfa,
l'antique Edesse, on voit, sur une montagne élevée, les
ruines du palais de Nemrod ; près d'Hillah, sur la rive
de l'Euphrate, les débris de la Tour de Babel et, non
loin de là, les immenses vestiges de ce qui fut Babylone,
la plus vaste cité du monde.
   Près de Mossoul, sur les bords du Tigre, des ingénieurs
européens déblayent et découvrent aujourd'hui les rui-
nes de Ninive et leur stupéfaction n'a pas de borne à l'as-
pect des sculptures gigantesques, des ornements gracieux,
qui ornent les palais, de la puissance des assises, de la
 perfection de la coupe des pierres et de l'assemblage
 qui défient l'habileté des ouvriers civilisés.
    A quelles écoles avaient puisé leur savoir des artistes
 qui représentaient avec tant de vérité et de puissance
 les chevaux fougueux, les grands taureaux immobiles,
 les lions acharnés à leur proie, les cerfs fuyant au loin
 et ces scènes de plaisir ou de guerre qui nous initient