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 434                    UN POÈTE OUBLIA

   souvenir fut celui qu'il fit à l'occasion du séjour à Lyon
  du roi Henri III et du duc de Savoie.
     Des fêtes brillantes avaient lieu, bien faites pour attirer
  un jeune poète libre, curieux et indépendant ; d'ailleurs,
  Emmanuel-Philibert, son souverain et son protecteur,
  accompagnait le roi de France, et les gentilshommes de la
  Savoie s'étaient fait un devoir de se grouper autour de
  leur prince. Mermet partit de Saint-Rambert monté sur,
  un bon roussin bien harnaché, et deux jours après, sans
  aventure connue, il arriva dans la grande et poétique cité.
     II fut reçu avec empressement par les hommes de let-
 tres lyonnais qui lui firent fête et honneur; les souverains
 l'accueillirent avec bienveillance ; en présence de ce
 monde brillant et nouveau, son imagination ouvrit ses
 ailes, en même temps que son cœur liait de solides et du-
 rables amitiés.
     Ce fut à Lyon qu'il vit pour la première fois tout ce que
 la gloire littéraire a de charmes et de douceurs.
    Malgré la foule brillante qui encombrait la ville,
 malgré les réceptions, les plaisirs et les fêtes, la misère
et la famine frappaient cruellement les pauvres gens.
L'année 1573 avait été douloureuse pour la France ; Lyon,
depuis trois ans, souffrait du manque des denrées et la
gêne était à son comble , quand au mois d'octobre 1574,
un mois après l'arrivée des souverains.un ordre vint, du
camp d'Annonay, aux consuls de Lyon, d'avoir à fournir
certaine quantité de blé, de vin et de farine aux soldats
du roi qui faisaient en ce moment rentrer le Vivarais sous
l'obéissance royale. C'était achever la ruine de notre
malheureuse cité. Les consuls protestèrent en exposant
avec énergie qu'ils étaient obligés, déjà, de faire venir
des blés de la Bourgogne et du Bassigny, avec l'autori-
sation expresse du roi qui connaissait la détresse des