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156 CHRONIQUE LOCALE dard a fait vibrer les fibres françaises « et, a-t-il dit en ter- minant, agissez d'après cette pensée que notre mère à tous doit être d'autant plus aimée qu'elle a été plus malheureuse. Je me sens mieux ton. fils en pleurant tes revers : Je t'aimais glorieuse et t'adore insultée. Les bravos ont montré à l'orateur si sa parole était com- prise. — Les 6 et 7, dans la grande salle de la bibliothèque de la ville, a eu lieu, sous la présidence de M. le doyen de la Faculté des lettres, le premier jour, et de M. le Préfet du Rhône, le second, la distribution des prix du petit collège de Saint-Rambert et du grand Lycée de Lyon, en présence des notabilités de la ville et d'une foule immense. Puis, le 9, les élèves de l'Ecole des Beaux-Arts sont, à leur tour, ve- nus dans la même salle chercher leurs couronnes. M. le Préfet a félicité l'Ecole sur les progrès de cette année. « La décadence de notre aptitude pour les beaux arts, à dit M. le Préfet, le ralentissement de notre ardeur et de notre zèle à soutenir l'ancienne réputation de la ville seraient un malheur public, une déchéance pour le commerce et l'industrie de la cité. » Mais pour s'élever dans les arts, il faut s'élever dans les idées. Il faut le travail sérieux, l'horreur du trivial et du laid, l'amour du pur et du beau. Espérons donc pour l'honneur de la ville, que les ten- dances matérialistes qui envahissaient les jeunes gens, l'amour de l'a peu près, de l'effet décoratif sans dessin, de la peinture vulgaire et facile qui permet de couvrir une toile sans étude profonde et sans pensée, ne triompheront pas dans notre école, et que Lyon, après avoir pris pour modèles Athènes et Florence, ne tombera pas au niveau écrasé de Fernambouc et de Chicago. Mais si les Ecoles et les lycées sont en ce moment fermés, qu'on se rassure, la jeunesse ne restera pas sans enseigne- ment. Suivant sa promesse, l'architecte du théâtre des Célestins a pu livrer son œuvre le 31 juillet, terme convenu, et le 1" août, la nouvelle salle, castigat, ridendo mores, attirait un monde fou, avide et heureux d'admirer les mer- veilles qu'on lui promettait. De l'ancien petit théâtre en- fumé qui avait une si excellente troupe, plus vestiges. Tout est marbre, stuc et dorure, tout est éblouissement. Du par- terre au paradis tout le monde est admirablement assis ; la vue est ravie, l'oreille aussi sans doute, et comme disait Fourier, on regrette d'avoir un si petit nombre de sens quand l'âme est si avide de plaisirs et que la Direction est si disposée à vous en combler.