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154 L'ESCRIME AU SÉMINAIRE Le général Février, qui aime et cultive l'escrime, est de l'avis de M. Legouvé, l'académicien, aussi bonne plume que bonne épée, qui dit dans Un Tournoi au XIXe siècle : « Je n'ai jamais regretté le temps que j'ai consacré à l'escrime, car les services que je lui dois sont sans nombre ; je ne connais pas de préoccupation qu'un assaut vigoureux ne dissipe, ni une mauvaise tentation dont il ne nous délivre. L'escrime est, en effet, l'exercice où l'homme se dépense le plus violemment et se sent vivre le plus pleinement. C'est le sang qui coule à grands flots dans les veines, le cœur qui bat, la tête qui bout, les artères qui tressaillent, la poitrine qui se soulève, les pores qui s'ouvrent, et si l'on pense qu'à ce vital plaisir se joint le bonheur de sentir ses forces et sa souplesse décu- plées, si on songe aux joies ardentes de l'amour-propre, au plaisir de battre, à la rage d'être battu, et aux mille vicissitudes d'une lutte qui se termine et recommence a chaque coup porté, on comprendra qu'il y a dans l'exercice de cet art, un véritable enivrement, dont la passion du jeu peut seule donner une idée. Oui, l'escrime est le jeu! Mais avec le vice en moins et la santé en plus. » Donc, poussons la jeunesse à ce plaisir ; arrachons-la au Casino, à la brasserie, à l'Alcazar; enlevons-lui l'ab- sinthe empoisonnée, le cigare meurtrier et la pipe, ignoble et honteuse, plus homicide encore; amenons la jeunesse triomphalement à la salle d'armes, mettons-lui le fleuret à la main et ayons confiance ; pour guérir les mauvais penchants comme les maladies, rien n'est aussi bon que le fer. JOB.