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424 LA GUERRE DE MOHÉE Leur attente ne fut pas de longue durée. Ibrahim forma sa troupe >,n colonnes. Soliman-Bey guéri enfin de sa blessure et audacieux comme à l'ordinaire, prit la tête de son régiment et, montrant l'ennemi, donna de sa voix vibrante ce commandement : En avant ! que ses soldats connaissaient si bien. Ce fut comme un ouragan qui traversa la vallée. Le vaillant sixième escalada les pentes, aborda les Grecs et, chargeant à la baïonnette, eut bientôt résolu le problè-. me de la discipline contre le nombre. Les Grecs s'enfuirent laissant trois cent quatre vingt-sept-morts sur le champ de bataille. Au moment où ils se dispersaient, un renfort débouchait par le bourg-de Valla. Témoin du désastre des siens, il s'arrêta. Ibrahim lança contre lui un détachement d'infanterie et trente cavaliers. La journée était perdue. Le renfort suivit la fortune de ses compatriotes et se dis- persa. Etait-ce là , sur ce même champ de bataille, qu'Epami- nondas jadis avait gagné cette célèbre] bataille de Manti- née dont le nom a traversé les siècles ? Etait-ce sur un de ces mamelons occupés par les Egyptiens qu'il mourut ? Etions-nous plutôt sur l'emplacement du palais d'Evan- dre ? Toute cette petite contrée que la mer entoure et qui ne formerait pas deux départements de la France, est plei- ne de noms fameux, de villes sans habitants, de fleuves sans eau, de montagnes arides et desséchées dont les sou- nirs effacent tous autres souvenirs. En présence de ces lieux que couvre depuis tant de siècles une gloire immor- telle, un mot amer du sage Louis XII revient involontai- rement à la pensée : « Les Grecs, disait-il, n'ont fait que des choses médiocres, mais ils les ont merveilleuse- ment écrites ; les Eomains ont fait de grandes choses et ils les ont dignement racontées. Les Français en ont fait