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406                LA GUERRE DE M0P.ÉE

niquait aux travailleurs son activité. Bientôt la flotte fut
en partance ; aussitôt, elle reçut l'élite de l'armée ; le
10 juillet, elle appareilla.
    Jamais spectacle plus imposant n'avait frappé les yeux
de cette foule assemblée sur le rivage. Soixante-trois
navires de guerre et plus de cent transports étaient sous
voile et gagnaient la haute mer.
    Le pavillon d'Ibrahim Pacha se développait au g'rand
mât. Ismayl-Agha-Gsbelakdar commandait la flotte, le
fils du souverain l'expédition. Depuis longtemps, les
échos ne répétaient plus les saluts du départ que tous
les yeux étaient encore fixés sur cette immense quan-
tité de navires qui courait grand largue et s'éloignait
de la côte d'Afrique, remontant à toute vitesse dans le
nord où elle espérait trouver le danger et la gloire. Elle
emportait dix-sept mille soldats: les 3e, 4e, 5°, et 6e
 régiments d'infanterie régulière, quatre compagnies de
sapeurs, sept cents chevaux sous les ordres de Hassan-Bey,
 une artillerie de siège et une artillerie de campagne.
 Ibrahim avait mis le cap sur Rhodes où il comptait
 faire sa jonction avec le Capitan-Pacha.
     Plus que tous au monde, le Vice-roi avait suivi le
 départ de cette expédition qui lançait l'Egypte dans
 un si dangereux inconnu. Sa belle flotte, sa belle armée
 triompheraient-elles des bandes maïnotes et des insaisis-
 sables corsaires de Miaulis? Son fils Ibrahim, l'appui
  de .son trône, l'enfant chéri de ses entrailles, lui revien-
 drait-il vainqueur, applaudi et couronné ? L'Europe alors,
  cette diplomatie aux secrets redoutables, ces rois alliés à
  Vérone par l'intérêt des trônes, lui permettraient-ils à
  lui-même de couronner ses triomphes par l'indépendance
  de l'Egypte ? graves problèmes qui agitaient ses jours et
  inquiétaient ses nuits. En ce moment, du moins, tout lui