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366 THIERRIAT riat connaissait pour avoir donné des leçons à sa'famille, et qui, bien que bonapartiste, profita de l'occasion pour rançonner impitoyablement le fugitif. Legendre gagna ensuite, sans autre accident, la ville de Genève. Il emportait avec lui les lettres du comte de Provence à Robespierre, correspondance dont il avait dit quelques mots à sa famille et qu'il avait saisie, le 9 thermidor, chez le tribun détrôné. Quel était le contenu de ces lettres ? On croit qu'elles parlaient des enfants de l'infortuné Louis XVI, de leur délivrance et des conditions du retour de Louis XVIII sur le trône de son frère. Quoi qu'il en soit, Legendre, la nuit môme de son arrivée à Genève, fut assassiné dans l'hôtel où il était descendu, et sa valise fut pillée. Sa famille a pensé qu'un émissaire secret le suivait depuis Paris pour lui reprendre à tout prix cette correspondance mysté- rieuse ; et son arrivée dans l'hôtel ayant coïncidé avec l'admission d'une nouvelle servante qui disparut le lende- main du crime, cette servante aux traits masculins n'aurait été autre que l'émissaire déguisé. Telle fut la fin de l'oncle Legendre. Son fils et son petit-fils ont noblement porté l'épée. Le premier, chef de bataillon dans la jeune garde à 26 ans, a vu sa carrière brisée en 1815 et n'a repris du service qu'en 1830. Il a été gouverneur d'Antibes, puis de Cambrai jusqu'en 1848. Le second, chef d'escadron à Metz en 1870, a été fait prisonnier et interné en Allemagne. A son retour en France, il a pris sa retraite, et son fils, l'arrière-petit-fils de Legendre, est maintenant un brave lieutenant d'infan- terie en Afrique. Un autre parent de Thierriat et de Legendre, était le cousin Custode, vieux célibataire, propriétaire à Nevers d'une grosse fortune et de quatorze maisons. Ils étaient